L’Ecosse veut abolir l’interdiction du blasphème, la Suisse devrait suivre

Le 24 avril 2020, le gouvernement écossais a publié un projet de loi pour lever l'interdiction du blasphème. Chez nous, le blasphème est toujours punissable - mais la Suisse ferait bien de suivre.

La dépénalisation du blasphème: bien que la loi britannique de 2008 sur la criminalité et la justice et l'immigration (Criminal and Justice and Immigration Act) ait aboli les lois sur le blasphème en Angleterre et au Pays de Galles, il a fallu 12 ans à l'Écosse pour le faire. Si le Parlement adopte le projet de loi, le blasphème au Royaume-Uni ne sera punissable qu'en Irlande du Nord.

C’est entre autres la Humanist Society Scotland qui a fait avancer l'abolition de l'interdiction du blasphème. L'organisation a organisé des rassemblements et sensibilisé les parlementaires écossais à la manière dont les interdictions de blasphème sont utilisées dans le monde pour limiter les droits de l'homme et persécuter les minorités. Elle a également lancé une pétition pour abolir l'interdiction du blasphème, qui a reçu le soutien du public.

Fraser Sutherland, directeur général de la Humanist Society Scotland, est satisfait du succès: 

"Il est clair que le secrétaire du cabinet a entendu les témoignages et les plaidoiries de militants humanistes et de bien d'autres personnes selon lesquelles les lois sur le blasphème sont incompatibles avec les droits de l'homme, même si la loi écossaise n’était plus pratiqué depuis quelque temps. Cette abrogation envoie un message clair et sans ambiguïté à d'autres dirigeants du monde entier - que les lois sur le blasphème sont erronées et n'ont pas leur place au 21e siècle."

La Suisse devrait suivre

Avant l'Écosse, ce sont déjà l'Irlande, la Norvège, l'Islande, Malte, la France et le Danemark qui ont ​​ au cours des dernières années supprimé des paragraphes de leur code pénal criminalisant le blasphème ou la violation de sentiments religieux.

En Suisse, l'article 261 du Code pénal suisse contient encore des paragraphes qui rendent punissable la critique de la religion. Avec leur résolution de novembre 2018, les Libres Penseurs ont appelé le Conseil national et le Conseil des États à dépurer cet article. La Suisse s'engagerait ainsi clairement en faveur du droit à la liberté d'expression, y compris en matière de religion – cela pourrait également contribuer au fait que des États tels que le Pakistan, l'Arabie Saoudite, l'Iran ou la Russie ne peuvent plus justifier leurs lois anti-liberté.

La résolution des Libres Penseurs a abouti à une motion du conseiller national Beat Flach du Parti vert’libéral. La motion charge le Conseil fédéral de supprimer l'article 261 (atteinte à la liberté de croyance et de culture) du code pénal suisse. L'article 261bis (discrimination raciale) devrait être adopté en tant que nouvel article 261 et pleinement conservé. Le Conseil fédéral a commenté la motion en février 2019 et a demandé son rejet. Elle n'a pas encore été traitée au Conseil