Victoire contre le blasphème en Irlande!

L'Irlande, pays à la culture religieuse très dense, a voté pour le retrait de la loi contre le blasphème ce 26 Octobre 2018

Le Monde: Les Irlandais ont dit oui à plus de 70% à l'abrogation de la loi.

Une victoire de la Libre Pensée, de l’humanisme et de la liberté d'expression.

Le blasphème en Irlande, une histoire internationale

En 2015, Stephen Fry l’acteur- écrivain anglais était victime d’une plainte invoquant la loi du blasphème parce qu’il avait imaginé une répliqueⁱ s’il devait faire face à un Dieu après sa mort.

Cette loi irlandaise sur le blasphème, adoptée en 2009, n'a jamais été utilisée mais a suffisamment suscité de questions pour que le vote de ce 26 Octobre 2018 soit lancé.

La presse a depuis un moment déjà annoncé l’évènement, et ce petit pays est sous le regard du monde. L'intérêt vient aussi parce que 24 victimes de lois sur le blasphème ont envoyés une lettre ouverte au peuple d’Irlande les suppliant de retirer cette loi et de montrer l’exemple. La plupart des signataires ont échappé à des tentatives d’assassinats ou des condamnations dans leur pays d’origine.  

Une liberté d'expression  

La liberté d'expression, y compris le droit de critiquer toute croyance, religieuse, politique ou autre, est le seul moyen pour une nation de jouir d'un minimum de liberté. Sans cette liberté essentielle, la dissidence peut être réprimée et réduite au silence en la qualifiant de "diffamation" ou de "blasphème". Même la rhétorique qui utilise le prétexte de la sensibilité, telle que "blesser les sentiments religieux", peut être déviée afin d’étouffer l'opposition et en retournant le sentiment populaire contre elle.
Soutenir la liberté d'expression et le droit de ceux qui ne sont pas d'accord avec les opinions religieuses vous engage à soutenir le fait d'exprimer pacifiquement ses opinions. 

74 Pays concernés

De nombreux pays ont des lois sur le blasphème qui interdisent la critique des religions, des croyances religieuses, des personnalités religieuses ou des institutions religieuses protégées. Par exemple, le Pakistan a poursuivi plus d'un millier de personnes pour blasphème depuis l'introduction de ses lois anti-blasphème en 1988. Des dizaines de personnes reconnues coupables restent dans le couloir de la mort, et les dirigeants islamistes ont appelés à plusieurs reprises la levée du moratoire sur l’application de la peine de mort et à faire des condamnations au blasphème la seule condamnation qui applique la peine de mort.

Le " crime " de critiquer une religion n'est pas toujours appelé " blasphème " ou " diffamation blasphématoire " ; certains pays interdisent la " diffamation de la religion " ; parfois, il est inclus dans les lois sur le discours de haine (c'est-à-dire que certaines lois sur le discours de haine interdisent des expressions qui tombent bien en dessous de toute norme raisonnable d'incitation à la haine ou à la violence) ; certaines lois quasi- " blasphème " interdisent plutôt de " blesser des sentiments religieux " ou " insulter la religion ". Comme le montre le « Freedom of Thought Report » de l’International Humanist and Ethical Union (IHEU), il existe des restrictions légales contre l'expression du "blasphème", la diffamation ou l'insulte à la religion ou aux croyances religieuses, ou l'offense aux sentiments religieux, etc. dans 74 pays. Certaines lois utilisent des variantes du mot " blasphème " comme " diffamation de la religion ", " sentiments blessés ", ou " insulte ", etc…  D’autres lois anti-haineuses peuvent être utilisées en place du blasphème lorsque des situations semblent restreindre ce qui devrait être la libre expression légitime de la religion.

La situation en Suisse

En Suisse, nous n’échappons pas au blasphème.  c’est l’article 261bis du code pénal qui sert de référence et limite la liberté d’expression quand il s’agit de religion : « celui qui, publiquement, aura propagé une idéologie visant à rabaisser ou à dénigrer de façon systématique les membres d'une race, d'une ethnie ou d'une religion; … sera puni d'une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d'une peine pécuniaire. » A la volonté de ne pas offusquer il y a la privation de la liberté d'expression, et certaines communautés mettent beaucoup de pression pour s'imposer dans leur dogme et limiter ainsi certaines railleries. La difficulté de cette loi est qu'elle est couplée à une notion anti-haineuse qui servira d'argument contre les défenseurs sournois du blasphème. Débat complexe mais pas impossible.

Un exemple

L'Irlande montre au reste du monde un exemple à reproduire. Ces nombreux pays qui encore très imprégnés de leur religion veulent défendre leur religion et limiter la liberté d'expression se voient  démontrer que l'on peut être pieu et garder le respect du choix des autres et de tolérer leur critique. 

ⁱLorsqu'on a demandé à Stephen ce qu’il dirait s'il rencontrait Dieu, il a répondu ceci à Gay Byrne, présentateur de RTE : «Comment osez-vous créer un monde dans lequel il y a une telle misère qui n'est pas notre faute? Ce n'est pas juste. C'est complètement, absolument diabolique. Pourquoi devrais-je respecter un dieu capricieux, méchant et stupide qui crée un monde tellement plein d'injustice et de douleurs ? ... Je dirais : "cancer des os chez les enfants ? C’est quoi le fondement de tout cela ? "Parce que le Dieu qui a créé cet univers, s'il a été créé par Dieu, est clairement un maniaque, un maniaque absolu. Totalement égoïste. Nous devons passer notre vie à genoux en le remerciant ? Quel genre de Dieu ferait cela ?